La fin de la crise, pour bientôt? Ce qu'en pensent les économistes

Publié le par AT

Le point de vue de Daniel Cohen:


Pour la France, l'année 2009 est condamnée. Toute espérance de reprise doit être décalée d'au moins six mois. Aux Etats-Unis, la reprise par la consommation n'est pas pour demain. Le consommateur américain, qui se croyait riche grâce à la Bourse et à l'immobilier, se découvre pauvre. Il ne dépense plus, occupé à reconstituer son taux d'épargne. Celui-ci, négatif avant la crise, remonte en flèche et approche déjà 5 %. Sans doute faudra-t-il attendre ici aussi le premier semestre 2010 pour voir poindre la reprise.


Le gouvernement français, qui a brûlé en 2009 les cartouches prévues pour 2010, va devoir intégrer lui aussi ce délai supplémentaire. Un deuxième plan de relance est inéluctable.


Dans ce contexte assez noir, le fait que l'inflation soit nulle en raison de la chute des cours des matières premières est une bonne nouvelle pour le consommateur européen. Il récupère ainsi le pouvoir d'achat dont la crise énergétique et alimentaire l'avait privé en 2007 et dans la première moitié de 2008. La baisse des taux d'intérêt européens qui va continuer est aussi une bonne nouvelle.


Le point de vue de Nicolas Baverez:


Les prévisions révisées de l'Insee sont cohérentes avec le caractère universel et la vitesse de propagation du choc déflationniste. L'Europe est particulièrement touchée pour quatre raisons : insuffisance et non-coordination des plans de relance, illustrées par la stratégie de passager clandestin du Royaume-Uni (dévaluation de 40 % de la livre) ; absence de solidarité avec les nouvelles démocraties ; retard à la baisse des taux et refus de la BCE d'agir autrement qu'avec ses outils habituels ; paralysie de la Commission européenne.


L'Europe et les Etats-Unis ne coopèrent pas davantage. Ici, dominent l'obsession pour la régulation financière et la sous-estimation de la crise économique. L'administration Obama prend au sérieux la crise économique mais bute sur la restructuration des banques et la régulation du secteur financier.


En France, les marges de manoeuvre du gouvernement sont réduites par la dette publique qui atteindra 80 % du PIB à fin 2010 pour des intérêts qui s'élèveront à 55 milliards d'euros en 2011. Sans parler des 55 milliards d'euros de déficit commercial.


Pour 2010, aux Etats-Unis, le cocktail monétaire, budgétaire et fiscal permet une croissance positive si l'assainissement des banques progresse. En Europe, la croissance sera nulle, ce qui signifie que l'on continuera à voir disparaître entreprises et emplois.



Source: Le Monde

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