Crise financière: tout ne va pas si mal, au fond!
Quoi de neuf en ce samedi ensoleillé? Le petit monde de la finance se console et se félicite.
Il semblerait que la crise ne fasse pas que des victimes dans le microcosme de la finance. Dans le cercle très fermé de ceux qui jouent au poker avec l'argent des autres, il y a souvent, comme sur le tapis vert, un grand gagnant et les autres au fond du trou. Attali écrivait d'ailleurs dans Les Trois Mondes que "la crise (Ndlr: au sens générique du terme) n'est que la longue et difficile réécriture qui sépare deux formes provisoires du monde".
Aussi, en ouvrant les pages saumon du Figaro, j'ai l'étonnement de lire que Neuflize, banque privée de son état, a frôlé le rachat par le groupe Fortis, avant que la bien nommée crise financière ne contrarie les sinistres plans de ce dernier! Et le président du directoire de Neuflize d'ajouter: "la crise est une chance pour nous" (exotique, non?). Précision, et non des moindres, Neuflize n'a pas de banque d'investissement. Il serait peut-être tant d'y songer, désormais que la grande braderie a commencé et que l'établissement dispose visiblement d'un niveau de liquidités satisfaisant!
Le Crédit Agricole aussi peut faire shabbat, puisque je lis à la même page: "Le CA s'en sort mieux que prévu". Oui, de quoi se réjouir en effet: "le coût du risque y a été multiplié par 2,7 en un an contre une multiplication par 4 chez BNP Paribas". Que de bonnes nouvelles! Disons que c'est une contre-performance, mais qu'elle est toute relative. Ca me rappelle lorsque j'étais enfant, et que je présentais un 2/20 en maths à mes parents, je ne trouvais guère mieux à leur dire que "j'ai des copains qui ont eu 0/20". Et c'était censé les rassurer... La subjectivité rend la vie plus douce.
Il n'en reste pas moins la question du financement de l'économie. Pour rassurer toujours, et à plus forte raison, pour faire preuve de prudence et de volontarisme aux yeux des grands de ce monde, les banques multiplient les provisions pour créances douteuses. C'est raisonnable, certes. Mais c'est encore autant d'argent que ne verra pas passer par ses poches le tissu productif.